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Directory Of Year 2007, Issue 12
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Fred Nauleau, ingénieur-œnologue et... pionnier

Year:2007 Issue:12

Column: Personnalités

Author: LOUISE CADIEUX

Release Date:2007-12-01

Page: 20-22

Full Text:  

La passion de la qualité et être un pionnier, voilà ce qui anime cet homme qui travaille à donner ses lettres de noblesse au vin chinois.

QUAND on parle du Xinjiang (la région autonome ouïgoure en Chine de l'Ouest), pour gens, cela évoque de grandes étendues désertiques, très éloignées des grands centres de la côte orientale chinoise tellement dynamique. En outre, jusqu'à tout récemment, le vin sec chinois était boudé par les amateurs de bon vin. Et pour cause! Trop souvent, ce vin n'était qu'une boisson peu raffinée au goût âcre. La Chine n'est-elle pas le royaume de la bière et du baijiu (alcool blanc souvent fort), même si le pays occupe le sixième rang mondial pour la production du vin?

Pourtant, c'est à Manas, dans le Centre-Ouest du Xinjiang, que l'ingénieur-œnologue Fred Nauleau a choisi de s'installer. Depuis 2005, il met son savoir-faire au service de Vinisuntime International, une compagnie qui possède un vignoble de 10 000 ha, le plus grand d'Asie, et il est bien décidé à persuader quiconque s'intéresse aux vins que ceux de Vinisuntime sont à la hauteur des attentes des connaisseurs.


M. Fred Nauleau

M. Fred Nauleau

Si on essaie d'abord de comprendre un peu la décision de cet homme, originaire de la vallée de la Loire, de s'expatrier dans une région considérée comme « éloignée », on s'aperçoit rapidement qu'il n'a peut-être pas eu tort. En fait, situé à la même latitude que Bordeaux et la Californie, le Xinjiang est depuis longtemps un royaume du raisin. Cependant, la région produisait surtout des variétés de raisins à consommer frais ou séchés.

Par ailleurs, avant 1950, Manas, située au nord des monts Tianshan, n'était qu'une étendue inculte. C'est grâce à la Xinjiang Production and Construction Corp, compagnie mère de Vinisuntime, que ces étendues sont devenues fertiles. C'est l'année 1997 qui y a marqué le début des vignobles, et la production de vin a commencé en 2000. Dès le début, un mot d'ordre a été donné : à partir de raisins cultivés en Chine, produire des vins de qualité que l'on entrepose en vrac, et les produire en utilisant des méthodes modernes de viticulture et un équipement à la fine pointe de la technologie. C'est dans ce contexte que la compagnie a investi 175 millions $US dans trois démarches : la construction de quatre installations vinicoles; l'aménagement d'un système d'irrigation perfectionné pour canaliser les eaux provenant de la fonte des neiges des monts Tianshan; et l'achat d'équipements sophistiqués de France et d'Italie. Il faut dire que certains experts locaux semblent être convaincus des avantages de la région puisqu'ils déclarent : « En Chine de l'Est, il y a trop de pluie et les raisins ne mûrissent jamais suffisamment. Ici, nos étés sont très chauds et il y a une grande différence de température entre la nuit et le jour, ce qui est bon pour le mûrissement du raisin. »

De plus, les analystes s'entendent pour dire que le marché chinois du vin, un marché de 2 milliards $US, a de belles années devant lui, vu l'augmentation du niveau de vie des Chinois et leur goût pour des vins de qualité qui est en train de se développer. Les chiffres semblent leur donner raison : selon Euromonitor, un prestataire d'informations sur les industries et les consommateurs, de 1999 à 2004, la consommation de vin y a augmenté de 79 %! C'est probablement la combinaison de toute cette situation qui a exercé un attrait irrésistible sur M. Nauleau. Laissons-le nous parler de son expérience.

Vinisuntime, est-ce votre première expérience comme œœnologue?

Ah! non. Auparavant, j'ai travaillé comme consultant en Europe, notamment en Bulgarie.

Quelles sont maintenant vos fonctions dans cette compagnie?

Je suis responsable de la fabrication du vin et de la formation du personnel. J'assure donc le contrôle de la partie technique et j'ai la responsabilité d'environ 90 employés.

Pouvez-vous nous donner un aperçu d'une journée type?

Je dois préparer le travail des employés qui supervisent les opérations de vinification, dresser la liste des échantillons à prélever, organiser les dégustations pour prévoir les assemblages et établir les procédés avec les employés.


Au temps des vendanges, il faut voir à tout.

Au temps des vendanges, il faut voir à tout.

Quel est l'aspect le plus difficile de ce travail?

À mon arrivée, la « culture » du vin n'existait pas et j'ai dû partir pratiquement de zéro, notamment montrer comment brancher les pompes, comment déguster, jeter les bases théoriques. Cependant, je dirais que c'est l'aspect humain, plus que le côté technique, qui est exigeant. Les employés sont jeunes, je les connais bien, car c'est moi qui les ai formés. Toutefois, comme il leur est difficile de prendre eux-mêmes des décisions, ce n'est pas facile de leur déléguer des responsabilités. L'Université de l'agriculture du Nord-Ouest offre maintenant une formation pour les métiers de la vigne et du vin, mais sur 90 employés, il n'y a qu'une dizaine qui ont un niveau universitaire. Dans ce contexte, je dois planifier, m'occuper de la production, de l'administration, guider les employés et les superviser. De plus, les dirigeants de l'entreprise sont Chinois, ils n'ont pas le même sens de la planification que nous, Occidentaux. Alors, parfois, c'est plus difficile de prévoir ce qu'il y a à faire.

Il doit bien y avoir des avantages, non?

Ici, c'est une nouvelle région productrice de vin, une région unique sur le plan du climat, une région d'avenir. Donc, dans mon métier, cela veut dire agir un peu comme un pionnier. De plus, j'aime bien découvrir du nouveau, une culture différente. On apprend beaucoup, c'est enrichissant. Et l'on apprend aussi la patience...

Que pensent vos collègues œnologues de votre expérience?

Ils ont de l'admiration, surtout quand ils constatent que, même dans une région reculée, on peut faire un vin de bonne qualité. La viticulture, comme d'autres secteurs, subit la concurrence mondiale, mais il y a un marché pour le vin chinois, pour un vin qui s'adapte bien à la cuisine chinoise.

J'ai lu que certains amateurs ont dit que votre vin est l'un des meilleurs qu'ils aient goûtés en Chine...


En compagnie de sa fille, dans leur région d'adoption

En compagnie de sa fille, dans leur région d'adoption

Quand on a du bon raisin, du bon matériel, une bonne vinification, le sens du détail et qu'on a une certaine sensibilité par rapport au produit, on peut fabriquer un produit de qualité en adaptant les procédés selon le millésime. Il faut respecter à la fois le produit et le désir du consommateur.

Sur un plan plus personnel, la Chine, est-ce un hasard?

Pas tout à fait. J'ai toujours été attiré par les pays asiatiques et l'Asie centrale, une attirance que j'ai sans doute acquise par mes lectures. Quand j'étais jeune, j'aimais, entre autres, lire du Loti.

Comment qualifieriez-vous votre expérience au Xinjiang?

Au départ, par un sentiment d'isolement, par des difficultés d'intégration. Dans un métier, les difficultés techniques, on arrive toujours à les surmonter. Même chose pour la barrière linguistique : les interprètes peuvent donner un coup de main. Mais comprendre les particularités d'un pays, d'une région, cela se fait plus lentement. Je peux dire que, sous cet aspect, mon expérience de travail en Bulgarie m'a aidé. Là-bas, comme ici, il s'agit d'une entreprise d'État privatisée, d'un pays ayant des mécanismes communs hérités de l'époque de l'économie planifiée. Mais c'est surtout ma femme, une Chinoise, qui m'a permis de mieux m'adapter. Sans elle, cela aurait été plus difficile. Aujourd'hui, ces difficultés sont surmontées. J'ai une famille et je me sens intégré.

Et l'avenir?

Sûrement deux ou trois ans encore au Xinjiang, puis je verrai.

Tchin-Tchin! monsieur Nauleau.

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