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Directory Of Year 1963, Issue 1
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L'INCIDENT DE SIAN

Year:1963 Issue:1

Column: ARTICLES

Author: LI SIN

Release Date:1963-04-01

Page: 38-40

Full Text:  

A partir de ce numéro, nous allons publier successivement une série d'articles sur des faits historiques importants qui ont illustré la lutte du peuple chinois, de la Guerre de résistance contre le Japon à la Guerre de Libération. L'Incident de Sian est le premier de ces articles. Depuis la Guerre de l'Opium (1840), le peuple chinois n'a jamais cessé ses luttes anti-impérialistes. Pour les événements qui se sont passés avant la Guerre de résistance contre le Japon, les lecteurs peuvent se reporter aux articles publiés dans la revue La Chine populaire, sous la rubrique "Un siècle de luttes" (No1, 1962-No3, 1963).

N.D.L.R.

APRES le Mouvement du "9 Décembre" 1935, l'exigence manifestée par la population de résister contre le Japon devint encore plus grande qu'auparavant. Les ouvriers, les étudiants, les membres des milieux culturels et des professions libérales et les femmes se groupèrent à qui mieux mieux dans des organisations patriotiques pour le salut de la patrie. Ils réclamèrent la fin de la guerre civile et l'union du pays tout entier dans la lutte contre l'ennemi de la nation. Les bourgeois nationaux, eux aussi, sympathisaient avec le mouvement patriotique et pas mal d'entre eux s'y joignirent. Au cours du deuxième semestre de 1936, les troupes stationnant dans le Soueiyuan ainsi que les habitants de cette province se dressèrent héroïquement pour combattre les envahisseurs japonais et les troupes fantoches qui collaboraient avec eux. Ils reçurent soutien et appui du peuple entier. Même chez les troupes kuomintaniennes des régions de Peiping et de Tientsin, cette même exigence de la population de résister contre le Japon commença également à se manifester. Tout cela montrait que la formation d'un front uni national antijaponais, préconisée par le Parti communiste chinois, était approuvée par des masses de plus en plus larges, que la politique de haute trahison et de guerre civile perpétrée par Tchiang Kaï-chek rencontrait de plus en plus d'opposition auprès des différentes couches sociales. C'est dans une telle situation que Tchang Hsiuéliang et Yang Hou-tcheng, deux généraux de l'Armée du Kuomintang, détinrent Tchiang Kaï-chek, à Sian, le 12 décembre 1936, pour le contraindre à se déclarer en faveur de la résistance antijaponaise. C'est ce qu'on appelle l'Incident de Sian.

L'Armée du Kuomintang était toujours divisée en ce qu'on appelait "troupes centrales" et "troupes locales"; les unes étaient commandées par des hommes de confiance de Tchiang Kaï-chek; les autres, bien que placées sous son contrôle, étaient en butte à des discriminations. Yang Hou-tcheng commandait les forces locales du Chensi et, depuis 1935, il se montrait de moins en moins actif dans la guerre civile anticommuniste par suite de sérieux échecs que ses troupes avaient essuyés dans les combats contre l'Armée rouge. Tchang Hsiué-liang, lui, avait sous son commandement les troupes locales du Nord-Est. En 1931, année de l'invasion japonaise dans cette région, il avait retiré ses troupes dans le Nord en appliquant aveuglément la politique de non-résistance de Tchiang Kaï-chek; puis, il fut dépêché avec ses troupes, par celui-ci, sur le front de la guerre civile dans le Centre et le Nord-Ouest pour attaquer l'Armée rouge. En trois mois seulement, de septembre à novembre 1935 (période de l'arrivée de l'Armée rouge centrale au Chensi du Nord, après sa Longue Marche), Tchang Hsiué-liang perdit plus d'un tiers de ses effectifs, trois divisions ayant été mises hors de combat par l'Armée rouge. Il se rendit compte alors de l'invincibilité de celle-ci, tandis que sa confiance en la perspective de la guerre civile anticommuniste s'ébranlait.

Originaires pour la plupart du Nord-Est, les officiers et soldats de Tchang Hsiué-liang nourrissaient une rancœur profonde: Ils ne voyaient pas la possibilité de délivrer leur pays natal du joug des envahisseurs japonais; ils devaient risquer leur vie pour Tchiang Kaï-chek dans une guerre civile anticommuniste et antipopulaire, et ils étaient partout en butte à la discrimination et à l'oppression exercées par les "troupes centrales". Sous l'impulsion du puissant courant patriotique déferlant dans tout le pays, et grâce à la persuasion et à l'influence de l'Armée rouge, ces militaires (surtout les soldats et les officiers subalternes) firent rapidement écho à l'appel à l'union nationale lancé par le Parti communiste, pour résister aux envahisseurs japonais, et manifestèrent leur volonté de s'allier avec l'Armée rouge pour "Reprendre le pays natal".[注释1] Cette prise de conscience fut une nouvelle influence qui conduisit Tchang Hsiué-liang à changer son attitude politique et, au début de 1936, emboîtant le pas à Yang Hou-tcheng, il conclut secrètement avec l'Armée rouge un accord de non-agression mutuelle et de résistance commune contre le Japon.


A son retour de Sian où il agit en médiateur dans l'Incident, Chou En-laï (en casque blanc) est reçu a l'aérodrome de Yenan par le président Mao Tsé-toung et d'autres dirigeants du Parti communiste chinois.

A son retour de Sian où il agit en médiateur dans l'Incident, Chou En-laï (en casque blanc) est reçu a l'aérodrome de Yenan par le président Mao Tsé-toung et d'autres dirigeants du Parti communiste chinois.

Tout en renforçant l'entraînement de leurs troupes et procédant à des préparatifs pour combattre les envahisseurs japonais, Tchang et Yang demandèrent à maintes reprises à Tchiang Kaï-chek d'en finir avec la guerre civile pour faire face ensemble à l'ennemi national. Mais Tchiang Kaï-chek rejeta leur demande et, qui pis est, rassembla ses forces dans l'intention de les lancer sur l'Armée rouge, sous son propre commandement, et de guetter le moment opportun pour réprimer l'indiscipline de ces deux commandants.

Le 4 décembre 1936, Tchiang Kaï-chek arriva à Sian où il choisit Houatsingtche, site célèbre, comme "résidence provisoire". A ce moment-là, 30 divisions de ses "troupes centrales" s'élançaient sur le Chensi; les avions atterrissaient escadrille après escadrille sur l'aérodrome de Sian et nombreux étaient les officiers supérieurs, hommes de confiance de Tchiang Kaï-chek, réunis à Sian. Les nuages de la guerre s'étendirent brusquement sur le Nord-Ouest.

Dans cette atmosphère tendue et menaçante, Tchiang Kaï-chek ordonna à Tchang Hsiué-liang et à Yang Hou-tcheng de continuer à appliquer sa politique de guerre civile. Le 7 décembre, Tchang Hsiué-liang se rendit une dernière fois auprès de Tchiang Kaï-chek pour lui faire une dernière "recommandation instante". Cependant Tchiang Kaï-chek n'opposait qu'indifférence à Tchang qui passait de la prière et des supplications mêlées de larmes aux violentes injectives contre lui. A la fin, Tchiang Kaï-chek se mit en colère, prétendant que sa politique d'"extermination des communistes" resterait inchangée tant qu'il vivrait. Alors, Tchang Hsiué-liang et Yang Hou-tcheng se préparèrent à appuyer leur "recommandation" par la force.

Le 9 décembre, une manifestation de dix mille étudiants eut lieu à Sian pour célébrer le premier anniversaire du Mouvement du "9 Décembre". Les manifestants demandèrent l'union nationale et la résistance contre le Japon. Dans le défilé, un écolier de 12 ans fut blessé d'un coup de feu tiré par la police. Indignés, les étudiants décidèrent d'aller à Houatsingtche pour présenter leur pétition à Tchiang Kaï-chek. A cette nouvelle, celui-ci chargea Tchang Hsiué-liang de réprimer la manifestation, lui ordonnant d'"exécuter sur le champ et sans jugement" quiconque résisterait. De peur de provoquer un incident sanglant, Tchang s'en fut en voiture au-devant des manifestants dans l'intention de les persuader de faire demi-tour. Mais les étudiants prononcèrent des paroles généreuses et crièrent des mots d'ordre, lui demandant d'aller combattre les Japonais pour reprendre le Nord-Est. L'ardeur des masses émut Tchang jusqu'aux larmes et il dit aux étudiants: "Compatriotes, je suis avec vous. Retournez chez vous, je répondrai à votre demande par des faits dans une semaine." Les manifestants lui firent confiance et, rebroussèrent aussitôt chemin.

En effet, le 12 décembre, de grand matin, Tchang Hsiué-liang et Yang Hou-tcheng envoyèrent leurs hommes arrêter Tchiang Kaï-chek à Houatsingtche, d'après un plan bien arrêté. Le peloton de protection de ce dernier fut liquidé dans un combat acharné et Tchiang Kaï-chek, sautant par-dessus l'enceinte, se cacha dans les broussailles d'une colline où il fut pris. Quant à ses généraux, ils furent tous arrêtés dans la ville de Sian. Le jour même, Tchang et Yang proclamèrent l'établissement de l'organisme de commandement du Nord-Ouest de l'Armée alliée antijaponaise et ils adressèrent un message à tout le pays, formulant une demande en huit points comportant notamment la fin de la guerre civile, l'union pour résister aux envahisseurs japonais, la réorganisation du gouvernement et la protection de la liberté politique du peuple.

Cet événement qui bouleversa la Chine et le monde, déconcerta le gouvernement kuomintanien de Nankin. Les pro-japonais ayant à leur tête Ho Ying-kin, ministre de la Guerre, préconisaient une "expédition punitive" contre Tchang Hsiué-liang et Yang Hou-tcheng, avec l'intention de profiter de l'occasion pour prendre la place de Tchiang Kaï-chek, tandis que les pro-angloaméricains, groupés autour de Song Mei-ling et T. V. Song, femme et beau-frère de Tchiang Kaï-chek, se prononçaient contre l'"expédition punitive" et voulaient sauver Tchiang Kaï-chek par des négociations. La lutte entre les deux parties mettait en lumière les contradictions entre l'impérialisme japonais et l'impérialisme anglo-américain. Le premier essayait d'élargir la guerre civile en Chine en mettant cet incident à profit, afin de poursuivre son agression sur une échelle encore plus grande; l'autre, craignant de voir le pouvoir de Nankin tomber dans la main des pro-japonais, après que Tchiang Kaï-chek aurait été supprimé, se déclarait pour la négociation et montrait en même temps quelque sympathie à l'égard de Tchang Hsiué-liang et de Yang Hou-tcheng et de leur proposition de s'unir avec les communistes pour résister au Japon.


Rugis, ô Chine! (1935)
Gravure sur bois de Li Houa

Rugis, ô Chine! (1935) Gravure sur bois de Li Houa

Dès qu'il eut trahi la révolution en 1927, Tchiang Kaï-chek avait suivi une honteuse politique extérieure de capitulation et avait pratiqué la tyrannie fasciste et déclenché la guerre civile anticommuniste et antipopulaire dans le pays. Le peuple qui avait bien des comptes à régler avec ce bourreau souillé de sang, à la nouvelle de son arrestation, souhaitait qu'il soit exécuté. Mais les dirigeants du Comité central du Parti communiste chinois, présidé par Mao Tsé-toung, qui avaient l'esprit généreux et gardaient toujours leur sang-froid, adoptèrent dans l'intérêt de la révolution et du peuple, la politique d'opposition à une nouvelle guerre civile et de règlement pacifique de l'Incident, sur la base de l'union et de la résistance contre le Japon. Il était possible de contraindre Tchiang Kaï-chek à accepter la politique de résistance contre le Japon à ce moment où les contradictions entre l'impérialisme japonais qui voulait s'emparer de la Chine à lui seul, et l'impérialisme anglo-américain s'aggravaient de jour en jour. D'ailleurs, Tchiang Kaï-chek contrôlait de nombreuses régions et des forces militaires considérables. Son exécution allait inévitablement entraîner une nouvelle guerre civile, ce qui ferait justement affaire des pro-japonais. Il valait donc mieux remettre Tchiang Kaï-chek en liberté à condition qu'il accepte de se déclarer en faveur de la résistance contre le Japon. Cela contribuerait à élargir le front national antijaponais et, par conséquent, au succès de la lutte menée par le peuple chinois contre les envahisseurs japonais. Mettant à exécution cette politique, le C.C. du P.C.C., sur l'invitation de Tchang Hsiué-liang et de Yang Houtcheng, envoya à Sian Chou En-laï et d'autres représentants pour donner son avis sur le règlement de l'Incident et sur le sort à réserver à Tchiang Kaï-chek, en même temps qu'il adressait un télégramme au gouvernement kuomintanien de Nankin pour le pousser à se mettre d'accord avec Tchang et Yang. Parallèlement à cela, le gros de l'Armée rouge fut envoyé non loin de Sian, pour faire face, avec les troupes de ces derniers, à une attaque éventuelle projetée par les pro-japonais.

Le 22 décembre, Song Mei-ling et T. V. Song, accompagnés de W. H. Donald, conseiller australien de Tchiang Kaï-chek et ex-conseiller de Tchang Hsiué-liang, arrivèrent à Sian par avion. Après deux jours de négociations, Tchiang Kaï-chek accepta les conditions posées par Tchang et Yang en faveur de la résistance antijaponaise, s'engageant à cesser la guerre civile anticommuniste. Le 25 du même mois, Tchang Hsiué-liang accompagna Tchiang Kaï-chek jusqu'à Nankin sans même avoir consulté personne.

Le règlement pacifique de l'Incident de Sian constitue un triomphe de la pensée du président Mao Tsé-toung sur la question du front uni. De retour à Nankin, Tchiang Kaï-chek ne respecta pas entièrement ses engagements; il fit perfidement emprisonner Tchang Hsiué-liang et fit en sorte que Yang Hou-tcheng n'eut plus d'autre choix que de s'exiler à l'étranger.[注释2]

Cependant, Tchiang Kaï-chek, pour ultra-réactionnaire qu'il fût, ne put faire rebrousser chemin à la roue de l'histoire. Il fut obligé d'arrêter la guerre civile anticommuniste et antipopulaire qu'il avait menée depuis dix ans, d'accepter la politique formulée par le Parti communiste chinois: unir tout le peuple pour résister aux envahisseurs japonais. L'Incident de Sian marque un tournant dans l'histoire contemporaine de la Chine.


[注释]
LI SIN est chercheur à l'Institut d'histoire moderne de l'Académie des Sciences de Chine et professeur à l'Université populaire de Chine.

[注释1]
C'est le nom d'une chanson antijaponaise très populaire.

[注释2]
Rentré de l'étranger en 1937 pour prendre part à la Guerre de résistance contre le Japon, Yang Hou-tcheng fut secrètement jeté en prison, et assassiné en 1949 peu avant la Libération, par les hommes de Tchiang Kaï-chek.

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