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Directory Of Year 1963, Issue 1
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LE SCEAU ROUGE DANS LES MAINS DU PEUPLE

Year:1963 Issue:1

Column: ARTICLES

Author: TING KANG

Release Date:1963-04-01

Page: 8-10

Full Text:  


Bulod (à gauche), un ancien serf, demande à un membre de son équipe d'entraide de lui lire les noms figurant sur la liste des candidats.
Yuan Ling

Bulod (à gauche), un ancien serf, demande à un membre de son équipe d'entraide de lui lire les noms figurant sur la liste des candidats. Yuan Ling

Avoir l'empreinte d'un sceau, le vieux Tandzin avait toujours eu un frisson de peur. Sous le règne des propriétaires de serfs, un ordre du kasha (ancien gouvernement local tibétain) portant le sceau officiel voulait dire que Tandzin allait être astreint soit à livrer du grain, soit à payer d'autres contributions, soit encore à faire la corvée. En tant que serf, il tremblait chaque fois qu'il entendait parler d'un ordre lancé par le gouvernement. Or, en septembre dernier, quand Tandzin et son épouse, Royang, rentrèrent d'un meeting tenu dans le bâtiment du pouvoir populaire de leur canton, chacun tenait dans la main une carte d'électeur sur lequel était apposé un grand sceau rouge. "Dorénavant, je n'aurai plus peur à la vue d'un sceau rouge, dit à haute voix le bonhomme pour que tout le monde l'entende; il nous appartient désormais!"

Tandzin et Royang allaient tous deux sur leurs cinquante ans. Ils avaient toujours vécu dans le Phalha Hsika, dénommé aujourd'hui Canton libéré No 2, dans le district de Gyantsé, au sud-ouest de Lhassa. Il s'agissait d'un des 31 domaines seigneuriaux de Phalha Thubdan Wangden, un des dirigeants de la rébellion de 1959. Celui-ci possédait de surcroît d'importants biens à Lhassa et douze fermes laitières. Ses possessions terriennes, le long des rives du Nyangchhu s'élevaient à plus de 1.000 ha. Il avait 3.000 esclaves et serfs, dont Tandzin et Royang. Les récoltes que ceux-ci tiraient de leur demi-hectare de terre louée ne leur suffisaient pas pour s'acquitter des contributions sans nombre imposées par leur seigneur.

Tandis que l'Armée populaire de Libération poursuivait la répression de la rébellion de 1959, le peuple tibétain, sous la direction du Gouvernement populaire central, lança le mouvement pour la réforme démocratique qui consistait, entre autres, à s'opposer à la rébellion, au travail forcé non rémunéré et à l'esclavage. Le gouvernement décréta que les récoltes sur les terres des propriétaires rebelles appartenaient dorénavant à ceux qui les travaillaient, tandis que les propriétaires de serfs qui n'avaient pas participé à la rébellion pourraient continuer à percevoir rentes et intérêts à des taux réduits. Vint ensuite la réforme agraire. Les terres et autres moyens de production appartenant aux rebelles propriétaires de serfs, furent confisqués; ceux que possédaient en surplus les autres propriétaires de serfs furent achetés par le gouvernement pour être distribués aux serfs et esclaves émancipés.

Tandzin et Royang furent parmi le million de serfs qui connurent la vraie liberté pour la première fois de leur vie. Ils reçurent une habitation de trois pièces, une terre de 4,5ha, deux bœufs et un âne. De ce jour, les récoltes de leur champ leur appartinrent de droit, et ils adhérèrent par la suite à une équipe d'entraide.

Après la formation d'un comité électoral local dans le Canton libéré No 2, une équipe de travail y fut dépêchée par le comité d'élection régional pour aider les habitants à comprendre toute la signification de ces élections qui concernaient leurs intérêts vitaux. Elle leur expliqua que le pouvoir politique était maintenant dans la main du peuple devenu maître du pays, que le peuple avait le droit d'élire ses propres représentants pour administrer les affaires d'Etat, le droit et les possibilités de surveiller le travail des organes d'Etat. A travers la discussion sur ce qui se passait avant la réforme démocratique, l'équipe fut aisément à même de convaincre les habitants que l'instauration des assemblées et des comités populaires au moyen d'élections générales était un pas important, dans le domaine de l'organisation, pour assurer l'exercice du pouvoir du peuple et la consolidation de la dictature démocratique populaire. Tandzin commença alors à réaliser que le sceau rouge, symbole du pouvoir politique, était revenu maintenant au peuple. Quand on lui remit sa carte d'électeur, il le reçut comme un objet précieux et dit à sa compagne d'un ton solennel: "Nous devons choisir soigneusement pour qui nous allons voter."

Le soleil de septembre se lève tôt sur la plaine de Gyangtsé. Tandzin et sa femme finissaient tout juste de s'habiller de leurs vêtements neufs lorsqu'ils entendirent mugir les conques et rouler les tambours. Ils se précipitèrent dehors pour rejoindre la foule joyeuse qui, marchant derrière un drapeau rouge à cinq étoiles, se dirigeait vers une vaste tente pavoisée de rubans multicolores. Le vote allait commencer.


Anciens serfs, Tsering et sa femme déposent leurs bulletins de vote. Ils sont les heureux parents de deux garçons, des jumeaux.
Yuan Ling

Anciens serfs, Tsering et sa femme déposent leurs bulletins de vote. Ils sont les heureux parents de deux garçons, des jumeaux. Yuan Ling

Le vote

Tous les habitants du canton ayant 18 ans révolus et jouissant de toutes leurs facultés mentales étaient sur la liste des électeurs, à l'exception des contre-révolutionnaires. Un enthousiasme nouveau sembla soulever la population après la publication de cette liste; c'était à qui travaillerait le mieux dans les champs. Dans l'intervalle, les travailleurs du comité électoral étaient venus consulter les habitants sur la nomination des candidats.

- Eh bien, demanda quelqu'un à Tandzin, en faveur de qui vas-tu voter?

- Je voterai pour ceux qui ont l'esprit droit, comme Gezang Dondrub et Dawa Koje! répliqua le bonhomme.

Gezang Dondrub avait été garçon d'écurie chez les Phalha. Pendant des années, il avait couché auprès des chevaux, porté des vêtements en loques et apaisé sa faim avec ce que lui laissaient les bêtes. Quand quelqu'un de la famille du maître voulait sortir à cheval, Gezang Dondrub devait se prosterner afin qu'on utilise son dos comme marche-pied. Après la réforme démocratique, il fut élu chef du canton du fait de sa droiture et de son zèle à aider les autres.

Dawa Koje, lui, avait été esclave dans la même maison seigneuriale. Une fois, il avait tenté de s'enfuir, mais fut saisi et jeté pieds et poings liés dans la geôle du manoir. C'était au moment de la rébellion et si celle-ci n'avait été vite réprimée, il aurait eu probablement les yeux énuclés et subi de surcroît d'autres tortures atroces. C'est un homme capable, auquel tout le monde aime s'adresser en cas de difficultés.

Après avoir largement consulté les masses, le comité électoral proposa une liste de candidats, en veillant à ce que les femmes et les diverses couches sociales fussent représentées. Cette liste fut soumise ensuite pour discussion aux groupes d'électeurs. Puis, après étude minutieuse des opinions soulevées, une liste définitive fut dressée et rendue publique. Les électeurs étaient libres de voter pour la liste en bloc ou d'inscrire sur leurs bulletins les noms de tout autre personne qui leur convenait.

Au bruit assourdissant des gongs et des tambours, Tandzin et les autres électeurs passèrent à la file devant les urnes. Ce fut un moment émouvant pour tout le monde. Des urnes itinérantes furent apportées à domicile pour vieillards et malades afin qu'ils puissent eux aussi prendre part au vote. Les 548 électeurs ont élu 23 représentants, dont Gezang Dondrub et Dawa Koje. Parmi les 23 élus, on compte 18 anciens esclaves et serfs pauvres, 5 serfs moyens; 5 femmes furent élues.

L'assemblée populaire

Environ trois semaines après, l'assemblée populaire du canton tint sa première session pour élire le comité populaire. Avant cette réunion, les 23 représentants avaient été rendre visite aux habitants pour collecter des suggestions relatives à l'amélioration de la production et du bien-être. Plus de mille propositions furent ainsi recueillies, classées et soumises à l'assemblée pour considération.

En plus des 23 représentants, sept anciens serfs pauvres et un serf moyen, trois présidents de comité des habitants, deux femmes et un ancien agent seigneurial qui n'avait pas participé à la rébellion furent invités à assister à la réunion. Les principaux points de l'ordre du jour étaient les suivants: discussion du rapport sur le travail administratif de la période précédente; élection d'un comité populaire conformément aux stipulations de la Constitution; discussion et étude des propositions soumises, puis adoption de résolutions sur ces propositions; établissement du plan des futures tâches du comité.

Avant d'établir une liste de candidats pour l'élection du chef et des chefs adjoints du canton, les représentants avaient demandé l'opinion de la population et en avaient eux-mêmes discuté. Le chef et les deux chefs adjoints du canton ainsi que les huit membres du comité populaire furent élus à l'assemblée au scrutin secret. Dans l'intervalle des sessions de l'assemblée populaire du canton, ce comité est responsable des affaires administratives et de l'application des résolutions adoptées à l'assemblée. Gezang Dondrub fut élu chef du canton.

A la session, les opinions s'exprimèrent librement. Les propositions soumises par la population furent discutées une à une, et des résolutions s'y rapportant furent adoptées. En prenant pour base la forme d'organisation de l'entraide, des mesures détaillées relatives à la moisson d'automne furent arrêtées. Une autre décision fut prise portant sur l'établissement d'une école du soir avec des cours pour apprendre à lire et écrire aux paysans.

Après l'assemblée

Dès la clôture de la session, une inondation s'abattit sur le canton du fait des crues du Nyangchhu. Les habitations civiles, le siège de l'administration, le grenier public ainsi que 70 ha plantés d'orge se trouvaient gravement menacés. Des équipes pour la protection des digues furent immédiatement mises sur pied par les chefs du canton et les membres du comité populaire. L'eau avait déjà gagné les champs par des brèches dans le tronçon de la digue confié à la garde de Lozang Rinchhen, un membre du comité. Pour l'arrêter, celui-ci boucha les trous avec pierres et cailloux enveloppés de ses propres vêtements. Jime, une femme dont le mari était mort noyé lors de l'inondation de 1954, infatigable, ne cessait d'apporter pierres et cailloux et préparait du thé et des repas pour les gardiens de la digue. "C'est le moins que je puisse faire, dit-elle, pour aider ceux qui risquent leur vie pour sauver la digue." Grâce aux efforts collectifs, les brèches furent colmatées et la digue fut prolongée d'un kilomètre. Tout ce qui se trouvait sur les rives fut sauvé. A la moisson suivante, les chefs de canton et les membres du comité populaire dirigèrent si bien les équipes d'entraide qu'en 15 jours l'orge fut fauchée et la récolte rentrée.

Voici ce que disent maintenant les habitants de leur chef de canton: "Notre Gezang Dondrub est devenu encore plus ingénieux et plus capable." Le fait est qu'avant les élections, c'était un homme qui manquait de patience et aurait voulu tout faire à la fois au lieu d'en finir d'abord avec les choses les plus urgentes. Il fut critiqué pour cela à l'assemblée et changea par la suite sa méthode de travail. Quand la Mère Lhamo vint le trouver pour lui dire que sa maison avait besoin d'une réparation, Gezang Dondrub, considérant comme une chose d'importance de se préoccuper des besoins de cette vieille femme qui avait été serve, fit lui-même la besogne.

Les membres du comité ont pris en main la direction de la production. Certains d'entre eux ont dressé le plan des travaux des champs pour 1963 et poussé les équipes d'entraide à se mettre au plus tôt à accumuler des engrais. Leur travail consciencieux leur a valu des louanges de tous les côtés. "Nos représentants pensent à tout et traitent fort bien les affaires. Ils sont de vrais représentants des paysans. Nous avons bien choisi nos élus."


Le Tibet fut libéré pacifiquement en 1951, mais la réforme démocratique n'y fut réalisée que ces dernières années. C'est que le Gouvernement populaire central a adopté dans tout le pays une politique d'unité, de solidarité et d'égalité entre les nationalités, ainsi que de réalisation graduelle de l'autonomie régionale et de la réforme démocratique. Au Tibet, cela signifiait prendre en considération l'état d'esprit de la couche sociale supérieure et donner à celle-ci le temps de s'éveiller politiquement. Mais la clique réactionnaire de cette couche, comptant sur l'appui des impérialistes, de la bande de Tchiang Kaï-chek et des réactionnaires de l'étranger, avec lesquels elle était en collusion, tenta de créer une division dans la famille multinationale de Chine. Tramant un complot pour V "indépendance" de la région, elle déclencha en 1959 une rébellion armée contre-révolutionnaire. L'Armée populaire de Libération, assistée par la population, eut vite fait de réprimer cette rébellion et lança un mouvement pour la réforme démocratique afin d'en finir avec le système féodal du servage. La Réforme accomplie, le Tibet vit se dérouler ses premières élections générales. Lorsque, en août 1962, le comité électoral pour la Région autonome du Tibet fut formé, le Pantchen Erdeni, président du comité, déclara: "La tenue de ces premières élections générales sera un événement de signification historique pour le Tibet." Il souligna que, pendant des siècles, la population du Tibet avait gémi sous le joug du servage féodal, qu'elle avait été impitoyablement opprimée et exploitée par trois types de propriétaires féodaux: les fonctionnaires gouvernementaux, les monastères et les nobles. Elle n'a obtenu l'émancipation politique complète qu'après la réforme démocratique. "Maintenant, ajouta le Pantchen Erdeni, la création du comité électoral et les préparatifs graduellement menés en vue des élections générales signifient, de toute évidence, que les Tibétains sont réellement maîtres chez eux. La Région du Tibet est entrée dans une ère historique nouvelle."
Conformément aux résolutions adoptées par le Comité préparatoire pour la Région autonome du Tibet, les élections locales ont été organisées en premier lieu dans les cantons de Lhassa, Chigatsé, Loka, Chamdo, Gyangtsé, Lintse, Nagchu et Ari. Commencées août 1962, elles ont duré plusieurs mois. Après l'élection des représentants du peuple pour les assemblées populaires de canton, celles-ci ont élu les comités populaires. Cette année, ces élections se feront dans tout le Tibet. L'instauration des assemblées populaires de district ou d'arrondissement relevant des municipalités aura lieu par la suite. Ainsi seront créées les conditions pour la convocation de l'assemblée régionale et l'établissement formel de la Région autonome du Tibet.
Plus de 80% des élus sont des anciens serfs et esclaves pauvres. Les propriétaires de serfs et leurs agents, qui n'ont pas pris part à la rébellion, jouissent également du droit d'élire et d'être élus.
Le reportage ci-dessous nous raconte ce qui s'est passé dans un canton du district de Gyantsé.

[注释]
TING KANG, reporter du journal Jeunesse de Chine, est au Tibet depuis 1962.

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